Comprendre la Palestine, des origines à aujourd’hui

Les éditions Les Arènes publient Comprendre la Palestine, de Xavier Guignard et Alizée De Pin. En suivant le fil chronologique des événements, du mandat britannique aux divisions actuelles, et en s’appuyant sur des cartographies, des inserts biographiques et des illustrations didactiques, l’ouvrage aide à mieux appréhender les racines, les implications concrètes et les perspectives d’un conflit aujourd’hui souvent considéré comme insoluble. 

Le conflit israélo-palestinien est une histoire de dépossession, d’exil et de résistance. Né de deux promesses inconciliables faites par les autorités britanniques, respectivement aux Palestiniens et aux représentants juifs, il a donné lieu à de nombreux événements tragiques, au premier rang desquels figure la « Nakba », terme arabe signifiant « catastrophe ». L’exode forcé de plusieurs centaines de milliers de personnes, dont les familles vivaient parfois depuis des siècles sur ces terres, a contribué à façonner la conscience collective d’un peuple dispersé. Cette dépossession se prolonge depuis lors dans la douleur de la diaspora, répartie dans des camps de réfugiés à travers le Liban, la Syrie, la Jordanie ou encore la bande de Gaza et la Cisjordanie.

Si la période qui a suivi 1948 a été marquée par la fondation de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le renforcement des sentiments nationalistes, la guerre israélo-arabe de 1967 a profondément aggravé la situation. Elle a en effet abouti, comme l’expliquent les auteurs, à l’occupation de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de la bande de Gaza par Israël. Au quotidien, cela se traduit pour les populations palestiniennes par des checkpoints, des restrictions de déplacement, des expropriations et des implantations de colonies. Ces dernières, considérées comme illégales au regard du droit international, grignotent peu à peu des terres agricoles et fragmentent toujours davantage le territoire, hypothéquant dangereusement la volonté de création d’un État palestinien souverain.

En Cisjordanie, la vie se déroule désormais sous l’emprise d’un réseau de barrages militaires et de clôtures. À Gaza, l’enclavement est d’autant plus sévère que le blocus – à la fois terrestre, maritime et aérien – limite considérablement la liberté de mouvement et l’approvisionnement de base. Israël a par ailleurs une mainmise sur les ressources naturelles et fiscales palestiniennes. Les conflits successifs, caractérisés par des bombardements et des destructions à grande échelle, ont laissé la population dans une précarité extrême. Face à ces conditions, la résistance prend des formes multiples : manifestations pacifiques, actions de sensibilisation internationale, recours juridiques devant des instances mondiales, et, parfois, violences armées.

Il y a bien entendu eu des tentatives de paix et autant de négociations avortées. De nombreux accords, depuis ceux d’Oslo dans les années 1990, ont nourri l’espoir d’une résolution du conflit sur la base de la coexistence de deux États. Mais les blocages successifs, l’extension constante des colonies et l’incapacité à trouver un accord sur des points cruciaux (tels que les frontières, la souveraineté de Jérusalem ou encore le sort des réfugiés) ont créé un sentiment de lassitude et de scepticisme vis-à-vis du processus de paix. Pour beaucoup de Palestiniens, c’est la question de l’égalité des droits et de la reconnaissance de leur histoire qui conditionne toute solution viable. Et les autorités israéliennes se montrent peu conciliantes au moment de leur tendre la main. Il faut comprendre qu’ils profitent, comme l’énoncent très bien les auteurs, d’une main-d’œuvre arabe corvéable et d’un marché captif capable d’absorber les surproductions industrielles nationales.

Pour ne rien arranger, une fracture politique traverse le camp palestinien lui-même, notamment entre le Fatah, majoritaire en Cisjordanie, et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza. Cette division affaiblit la cohésion nationale et complique davantage encore les tractations diplomatiques. Cependant, malgré la souffrance de l’exil et le poids de la mémoire, l’identité palestinienne reste portée par une forte résilience. Les communautés de la diaspora entretiennent un lien profond avec leur terre d’origine et participent aux efforts de solidarité culturelle, politique et humanitaire. 

Comprendre la Palestine revient abondamment sur un conflit qui s’articule autour de la quête d’une terre, d’une reconnaissance et d’une souveraineté. C’est une histoire jalonnée de guerres, d’exils et d’occupations, mais aussi d’initiatives de paix, de mobilisations populaires et d’efforts diplomatiques. Aujourd’hui, il s’agit avant tout de mettre fin à une situation qui prive les Palestiniens de leurs libertés fondamentales. Car si une chose émerge clairement de la démonstration de Xavier Guignard et Alizée De Pin, c’est bien le portrait cruel d’un peuple colonisé, infériorisé et exposé à la violence institutionnelle (les prisons, les guerres, la précarité organisée…).

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J.F.


Comprendre la Palestine, Xavier Guignard et Alizée De Pin –

Les Arènes, janvier 2025, 232 pages

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