
Le rapport d’activité 2022 du Syndicat National de l’Édition contient une étude qualitative sur les pratiques de lecture de la BD, qui nous permet de mesurer l’évolution de la consommation à travers la vie du lecteur moyen.
Quelles sont les évolutions et les particularités de la consommation des bandes dessinées entre les âges de huit et vingt-cinq ans ? Cette interrogation a guidé l’étude menée par le cabinet Junior City, à la sollicitation du groupe Bande dessinée du Syndicat National de l’Édition. L’objectif consistait à sonder les habitudes de lecture des jeunes et des femmes, dans un contexte où l’engouement pour la bande dessinée s’accroît.
L’enquête, numérique, a permis d’interroger 78 personnes, réparties en catégories d’âges distinctes : les enfants de 8 à 10 ans, les préadolescents de 11 à 14 ans, les jeunes adultes de 15 à 25 ans, et – pour aller plus loin – les femmes de 25 à 49 ans. Ses conclusions offrent une vision claire des pratiques de lecture, qui évoluent au fil du temps selon des schémas objectivés.
La bande dessinée, dès l’âge de sept ans, est appréciée par son attrait humoristique et aventurier, sa palette chromatique flatteuse et sa mise en page attrayante. Elle est également reconnue comme un vecteur ludo-éducatif, facilitant l’accès à la lecture grâce à l’impulsion et au soutien parental. L’entrée dans cet univers se fait souvent par le biais de la bande dessinée franco-belge, introduite dans le cadre scolaire, par l’intermédiaire d’enseignants, ou via la fréquentation de bibliothèques.
Les pratiques de lecture évoluent significativement avec l’âge. À l’entrée au collège, les goûts changent et une transition s’opère vers le manga, en raison de son format compact, de sa nature sérielle et de la fréquence de ses publications. Ces caractéristiques s’alignent avec les rythmes de vie des adolescents et leur consommation culturelle fragmentée. Le manga, au-delà de son aspect ludique, devient un outil de socialisation, d’émancipation et d’intégration. Parallèlement, le webtoon commence à marquer son territoire dans l’univers des collégiens.
Arrivé au lycée, les contraintes scolaires, conjuguées à l’augmentation de l’usage des écrans, influent sur le temps dédié à la lecture de bandes dessinées. C’est un moment de divergence pour certains, qui s’éloignent de ce média. Cependant, ceux qui persévèrent dans la BD tendent à approfondir et diversifier leurs choix, devenant des lecteurs assidus et passionnés, voire « boulimiques », pour reprendre le terme utilisé dans l’étude. Les réseaux sociaux et leurs influenceurs jouent alors un rôle croissant dans la sélection des titres.
Bien qu’elles privilégient souvent le roman, les femmes de 25 à 49 ans restent fidèles à la bande dessinée franco-belge. Les libraires, importants dans la fixation des goûts, leur permettent de multiplier les découvertes. La maternité offre d’ailleurs une nouvelle porte d’entrée dans l’univers de la BD. Les mamans accompagnent leurs enfants dans les bibliothèques et en profitent parfois pour élargir leurs horizons de lecture vers d’autres genres tels que les comics, les romans graphiques, les mangas ou les webtoons.
La bande dessinée, tout au long de ces trajectoires de lecture, reste synonyme de détente et de plaisir. L’attrait pour les adaptations transmédiatiques, permettant de suivre des personnages et des histoires familières à travers différents « supports », est par ailleurs souligné dans l’article de la SNE. Malgré un échantillon relativement faible, ce dernier apporte quelques éclairages utiles sur nos rapports changeants vis-à-vis de la BD.
L.B.

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